18:07 / 09 février 2015 / Muriel Epstein Comptes-rendus Expérimentations
Fin de tournage…. des lycéens enthousiastes!
C’est par moins 2°C, après 2h30 de tournage au cimetière Montmartre que je rencontre la classe de Gestion-Administration du lycée professionnel Suzanne Valadon, congelée mais enthousiaste!
Ils sont en train de tourner leur dernière scène du film qu’ils ont écrit et ils n’en reviennent pas: “Je n’aurai jamais imaginé qu’on réussirait. On a gagné en confiance en soi, on a dû vaincre notre timidité” disent en coeur Myriam et Aminata, 16 ans fières d’elles qui me racontent le chemin parcouru.
La première séance nous avons regardé un film (La vie est belle, film noir et blanc), la classe adore. Ensuite, par groupes de deux, nous avons choisi un thème et écrit des bouts de scénarios. Une seule chose est imposée: “parler de disparition”. Le thème émergent sera le mariage forcé. Nous avons écrit un scénario, on a dû tout concevoir, jusqu’aux décors dont on s’est occupé.
Lorsque je leur demande si elles savent pourquoi il fallait parler de disparition. La réponse est “non”. Mais quand je leur dis que l’objectif est de travailler sur le groupe et le collectif pour lutter pour la persévérance scolaire. Tous nos acteurs me l’assurent “ça a marché! On était obligé d’être solidaires et soudés entre nous”. Plus pragmatique l’actrice principale m’explique “je ne pouvais pas arriver à 10h comme je l’aurais fait normalement alors que je tournais à 8h” même si ses enseignants restent dubitatifs sur sa ponctualité, l’effort est manifeste.
Yolande, rayonnante jeune femme de 18 ans, a accouché fin décembre d’un joli petit garçon. Il n’était pas question pour elle de ne pas terminer ce projet. D’ailleurs, elle jouait le rôle de la mère et le petit d’un mois et demi a tourné dans une scène, sage comme une image. Yolande, lycéenne sérieuse, ne doute pas qu’elle aura son bac. Même si le bébé n’était pas prévu, cela ne l’empêchera pas de rester première de sa classe. Elle me l’assure et sa détermination est contagieuse.
Chloé aussi partage son enthousiasme: “ce sont les rires ensemble qui nous ont soudé et nous ont donné envie de réussir”. Priyanga, 18 ans, n’était pas convaincue au début, d’autant m’explique-t-elle que c’est très physique de faire un film, surtout tenir la perche pour le son par -2°C pendant 2h30 et je veux bien la croire. Mais elle a découvert un monde et cela lui a plu. La découverte du cinéma, c’est aussi ce qui a le plus marqué Aniss, 17 ans, qui aimerait maintenant devenir acteur et dont les beaux yeux bleus pétillent à cette idée.
J’ai maintenant hâte de voir le film. Mais qu’il soit réussit ou non, l’enthousiasme et l’énergie de ces lycéens m’a rendue très fière d’eux.
Merci à tous, les lycéens, merci aussi à l’équipe encadrante, les enseignants, les réalisateurs…