13:10 / 04 mars 2015 / Transapi Comptes-rendus Média
Cuisine, foot et cinéma, un atelier media chez Transapi
Record d’affluence à l’atelier medias du lundi 2 mars à la Maison des Métallos : 21 jeunes ! Ils ont entre 16 à 25 ans, viennent des Hauts de Seine, notamment de Montrouge. Ils sont arrivés avec deux formatrices d’un centre qui les accompagnent quelques mois sur des parcours de réinsertion. Installés autour d’une table, le dialogue s’engage avec Gueda et David qui décrivent Transapi. Tour de table, chacun se présente, prénom, âge, projet professionnel en suspend ou à venir… A mon tour, je présente l’atelier media, parle de contenus médias, d’expérimentation, de curation de contenus et de production originale, de mise en ligne d’une plateforme media. Quelques fous rires, des regards curieux, sinon dubitatifs l’air de dire : « mouais je demande à voir… » ou quelques réactions franchement réservées : « Des medias ?! Mais j’suis pas un journaliste moi ? ». On se lance.
Ils sont prévenus : à Transapi on n’a jamais fait un atelier media à plus de cinq participants… Je leur demande de m’annoncer à la volée leurs centres d’intérêts, voire leur passion, hormis l’école… Sourires entendus. Ca démarre. Je note leurs mots sur un paper board. Foot, basket, musique (« classique ?» «Non ! rap »), cuisine, (« plus précis ? », « Pâtisserie »), cinéma (« quel genre ?», « comédie », « non ! Policier ! », « non ! films d’amour ! », danse (un garçon : « c’est pas du sport ? », une fille : « tu veux que je te montre ?»), jeux vidéos, théâtre… Au final ce sont une vingtaine de thématiques d’où se dégagent trois univers : le sport, l’alimentaire (« non la gastronomie c’est mieux dit ») et la culture. Ma proposition : constituer à partir de ces trois thématiques trois groupes auprès desquels nous allons circuler avec Gueda et David pour discuter, échanger, faire émerger un projet media.
On réaménage les tables autour desquelles se forment les groupes. Le premier est consacré au sport, en fait au foot : neuf jeunes dont huit garçons. Carly, la seule fille s’intéresse à la danse mais « veut bien parler foot… ». Premières interventions : Désiré : « Mais m‘sieur on a rien à dire sur le foot ? », Christian : « Moi j’ai rien compris », Lassana : « On n’est pas des journalistes », « On n’est pas connu. Ce qu’on a à dire ça intéresse personne », « Oui on passe pas à la télé » … puis la discussion s’amorce. Du foot pourquoi ? On parle techniques, résultats, stars, dopage, coupe d’Afrique, coupe du monde, PSG… Oui PSG ! Non Manchester ! Et Le Real ! Moi je suis pour le Barça ! Je dis : « Vous avez trouvé votre sujet là : un dossier sur ces quatre équipes européennes ». Le projet se précise : rassemblez des articles de presse, des vidéo, des images, des commentaires de commentateurs, comparez les joueurs, les équipes, leurs atouts, leurs faiblesses. Et ajoutez à ce que disent les medias votre point de vue, votre regard d’experts… Une feuille de papier, l’un prend en note ce que disent les autres, chacun son tour, ça parle technique, entre spécialistes, je m’éclipse… La balle est dans leur camp, le dossier foot est lancé…
A la table d’à côté sept jeunes forment l’équipe « gastronomie ». Deux garçons, dont l’un, Bengasem, se destine à une formation « pâtisserie », cinq filles et quatre pays d’origine : Mali, Sénégal, Mauritanie, Algérie. « Et la France aussi, bien sûr », précise Bengasem. Cahina explique leur idée : « On va faire un site de recettes de cuisines de nos pays d’origine, de France aussi donc ». Bengasem : « On voulait faire un site de pâtisseries mais au Mali et au Sénégal ils n’ont pas de sucré », annonce le futur pâtissier. « Si ! On a le fondé (mil + lait sucré) », se défend Daby. « C’est pas un dessert »… Le débat est ouvert, l’intention se précise. Chaque jeune présente un plat et sa recette à dénicher sur le web : thié, poulet yassa, couscous berbère, tajine, pain matlouh… En réunissant toutes les recettes, Yassine propose de créer un blog. « Cuisine africaine », « Saveurs du mondes »… Le projet mêle des recettes trouvées sur internet avec des véritables secrets de cuisine, « ce sera des trucs de grand mère », que chacun ira donc demander à ses parents, grands parents… « Moi je peux faire des photos », propose Workia. Le projet est lancé. Pour la prochaine séance je fais la commande de dix recettes, avec photos faites maison, trouver aussi un titre au blog et une base line. « Oui il faut que ça accroche », lance l’un des futures blogueuses. Echange de mails, rendez-vous à caler pour la prochaine séance. Enthousiasmes partagés.
Troisième équipe : la culture. Deux garçons et trois filles. Kenny, 16 ans, me résume la situation : « Moi je voulais faire du théâtre, Jacky de la musique, Ferad veut faire du cinéma, la passion d’Anfoine c’est les chats… donc on a fait un scénario… » . C’est l’histoire d’une femme dans le train qui se fait contrôler par deux contrôleurs. Elle n’a pas de billet, se fait mettre à l’amende, la voisine, en règle, vient au secours de la resquilleuse. Elle a un chat qui va finir par sauter à la gorge des contrôleurs. La scène est jouée en impro. Eclats de rire général. Le projet de court métrage a déjà son public. J’interviens pour leur demander d’écrire le scénario, de ciseler les dialogues… L’un se propose de réunir des vidéos pour tracer un univers de référence, de quoi aussi donner une inspiration, si besoin… Echange de mails. « On se revoit c’est sûr. Notre film on le fait, si vous nous laissez pas tomber », prévient Kenny. La promesse sera tenue évidemment.
Emmanuel Vaillant, pour Transapi