11:11 / 17 février 2014 / Muriel Epstein Comptes-rendus Rencontres / Interviews
Ciné-débat “entre les murs” à la MJC des hauts de Belleville
La MJC les Hauts-de-Belleville c’est une équipe qui a le sens de l’accueil et de l’éducation.
Un buffet était préparé tant pour la convivialité que pour contenter les dizaines d’estomacs toujours creux même quand ils viennent de manger (avez-vous noté que certains enfants ont une grande capacité à avoir l’air de n’avoir jamais mangé même quand vous les avez vu s’empiffrer de gâteaux ?)
Le ciné-débat a donc commencé par le visionnage du film Entre les murs tourné dans le XXème, dans un collège tout proche où certains jeunes spectateurs sont scolarisés.
Les spectateurs étaient de toutes générations: des élèves de l’école primaire mitoyenne (avec une institutrice de CM2), des collégiens, quelques lycéennes venues plutôt pour aider les éducateurs que pour voir le film, des membres du bureau de la MJC, des experts en tout genre (dont bibi, en tant que sociologue)
Le film est donc projeté dans une salle polyvalente reconvertie avec un rideau en carton et des chaises pliantes en salle de cinéma. La qualité de l’image et du son sont plutôt bonnes
Les jeunes, malgré l’heure tardive et (on est vendredi à 17h30) et la longueur du film (2h), restent relativement attentifs du début à la fin. Ils circulent un peu certes (vers le buffet notamment) mais pas de brouhaha ou de discussion qui perturberait le visionnage.
Pour rappel, Entre les murs est un film de fiction qui ressemble furieusement à un documentaire sur le collège. Tourné dans un collège du XXème avec des élèves du collège Françoise Dolto, le scénario a été écrit par un ancien prof de français. Les élèves qui jouaient dans le film un rôle proche du leur ne savaient généralement pas ce qui allait arriver lors des différentes scènes : seul un petit groupe d’entre eux recevait des instructions précises, les autres devaient réagir “normalement”. Un groupe de collégiens a ainsi passé ses vacances dans un collège.
Le film raconte donc la vie dans un collège tel qu’on la voit assez souvent, avec les vannes qui fusent, avec les jeunes qui n’osent pas ou ne peuvent pas se montrer tels qu’ils sont, une envie d’apprendre pas si difficile à réveiller malgré tout, un contexte un peu aseptisé mais bien vivant avec ses règles souvent absurdes et protectrices. Des profs qui ne sont pas parfaits, des parents qui essaient, des enfants qui réussissent, ou pas.
5 personnes pour le débat: Rabah, acteur de “entre les murs”, moi-même en tant que sociologue (mais j’interviendrais plutôt comme enseignante finalement), un CPE du lycée où le film a été tourné, une institutrice de l’école d’à côté, une responsable d’une association de prévention (Feu Vert).
Rabah, jeune acteur qui avait tourné quand il avait 14 ans a captivé l’attention du jeune public. Agé de 21 ans lors du débat, il raconte alors comment le cinéma a changé sa vie. Il s’est lancé dans le projet Entre les murs devant l’insistance d’un éducateur de la MJC, présent ce jour là d’ailleurs, et finalement ça a été le projet le plus riche de sa vie. Rabah est un animateur né. Aujourd’hui, il fait du rap et joue dans des films, mais devant les jeunes, c’est juste une star qui donne envie d’aller à l’école.
Parmi les collégiens, un garçon de 11/12 ans est plus bavard que les autres. Il a des dizaines de questions à poser à Rabah sur le collège, sur le film, sur l’avenir, sur l’école et l’apprentissage. Il n’aime pas le collège dit-il mais à le voir si passionné par le film qu’il a déjà vu 4 fois et son envie de poser des questions, il a l’air d’un jeune qui veut apprendre et comprendre son environnement.
Les collégiens ont également beaucoup de questions sur les sanctions et ce qui est juste ou non et le CPE est très sollicité. Le fait que dans le film l’enseignant de français insulte deux élèves et ne soit pas sanctionné les interroge.
Je suis la seule intriguée par le fait que le tutoiement des profs par les jeunes vaut une sanction alors que l’inverse est courant. Je dois être déformée par ma fréquentation du lycée autogéré ou de Transapi où les jeunes peuvent tutoyer les profs pour ne pas trop leur faire sentir qu’ils sont plus vieux.
Le débat est animé. On parle d’envie d’apprendre, je pose beaucoup de questions aux enfants présents, à Rabah.
A 20h30, les gens commencent à s’éclipser. C’est que malgré le buffet, ils ont faim. Je discute encore un peu avec un cinéaste qui travaille sur l’envie d’apprendre autrement, décidément un beau sujet avant de remercier Nesrine d’avoir organisé cette séance riche d’échanges et de rencontre puis de partir à mon tour.
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