17:36 / 04 juillet 2015 / Muriel Epstein

Etude comparative de la violence dans un lycée entre 2005/2006 et 2008/2009 – AFS 2009

Le terrain que nous proposons de présenter lors de cette communication est un lycée parisien – partie prenante d’une cité scolaire ­ qui a été étudié sur deux périodes différentes : en 2005­06 d’une part (M. Epstein) et en 2008­2009 (M. Esterle Hedibel) d’autre part, dans deux cadres différents.

L’étude de 2005-­2006 s’intègre à une thèse sur les parcours scolaires et la déviance. Dans le lycée présenté, la doctorante a rencontré une soixantaine d’élèves en entretiens de groupe ou en entretiens individuels (et suivi une dizaine d’entre eux en entretiens individuels réguliers pendant deux ans). Elle a également rencontré l’ensemble des surveillants, quelques enseignants, quelques personnels ATOS (Administratifs, Techniques, Ouvriers et de Service, les CPE et le proviseur.

L’étude de 2008­-2009 s’intègre à une recherche­action sur l’absentéisme d’une équipe de recherche du CESDIP (Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales) en partenariat avec l’Académie de Paris . Les chercheurs ont rencontré l’équipe de direction, de vie scolaire et socio­éducative de l’établissement et animé des entretiens collectifs avec des élèves et des enseignants.

Entre ces deux périodes, l’établissement s’est très largement renouvelé : le changement est complet pour les lycéens et les surveillants, et important pour l’équipe enseignante. Le proviseur n’est plus le même et l’un des deux CPE a pris sa retraite, remplacé par une CPE du collège. Pour autant, sociologiquement, la population lycéenne est restée très stable, les filières d’enseignement sont restées les mêmes (avec notamment une filière STT­ Sciences et techniques du tertiaire ­ souffrant d’un problème d’image) et les résultats au baccalauréat sont toujours globalement faibles.

Le lycée accueille une population scolaire issue de toute la ville de Paris, qui se caractérise encore par un niveau scolaire relativement faible (nombre élevé d’élèves redoublants et en retard) et des catégories socioprofessionnelles plutôt défavorisées. 40 % des élèves de Terminale ont plus de deux ans de retard, 34 % sont doublants, ainsi que 30 % des élèves de 2 e. 65 % des élèves sont issus de milieux défavorisés, 20 % sont étrangers, (donnée à corréler avec la précédente). Le plus grand nombre de places disponibles en Terminale explique l’arrivée après la classe de seconde d’élèves en difficultés scolaires (issus d’autres établissements publics ou du secteur privé) et a contribué objectivement a construire la réputation du lycée, qui pour beaucoup de familles est encore plus un lieu « subi » qu’un lieu recherché ou souhaité.