17:42 / 04 juillet 2015 / Muriel Epstein

Evolution des pratiques enseignantes et des positionnements des professeurs à l’heure du numérique – Colloque Condition(s) enseignante(s) – Lyon 2015

La question de la place de l’élève, passif ou actif dans son apprentissage, a émergé après la « grande guerre » pour une éducation émancipatrice avec notamment les pédagogies aujourd’hui appelées « Freinet ». En 1987, dans le Maitre ignorant, Jacques Rancière relate l’expérience de Jacotot, qu’il appelle aussi « méthode de l’élève » qui décrit l’apprentissage en autonomie du français par des élèves néerlandophones. Dans cet ouvrage, le philosophe plaide pour une école où les élèves sont actifs et apprennent entre eux. Le maitre étant ignorant, ce qui évite, selon l’auteur, la domination du sachant. Le numérique repose ces questions aujourd’hui selon trois aspects : 1) Internet considéré comme une bibliothèque géante, 2) les réseaux sociaux comme lieux de socialisation étendus et virtualisés, et 3) en tant qu’outil calculatoire et exploratoire. Le professeur est, de fait, ignorant, face à l’étendue d’un savoir accessible via le numérique. Un des nouveaux enjeux d’une éducation émancipatrice devient donc l’accès à l’autodidaxie permise par Internet. Cette recherche est menée de manière transdisciplinaire par des enseignants du secondaire dans une dynamique d’innovation pédagogique. Nous étudions en quoi le numérique autorise les enseignants à transformer leurs pratiques et, par conséquent, modifier leur positionnement tant dans leur rapport à la classe que dans leur approche disciplinaire. Après des entretiens exploratoires, nous procéderons à un questionnaire quantitatif auprès d’enseignants utilisant ou non le numérique, puis par des groupes d’analyses de pratiques du même échantillon. L’objet de cette communication est de présenter les premiers résultats de cette recherche.