15:17 / 20 février 2014 / Muriel Epstein Rencontres / Interviews

Rencontre avec Gabriel Cohn-Bendit

C’est un donateur de Transapi qui me prévient que son association, les amis de Botul, reçoit Gabriel Cohn-Bendit le jeudi 13 février 2014 à 20h30.

Gaby, comme il s’appelle, est le fondateur du lycée expérimental de Saint-Nazaire, auteur notamment de «Pour une autre école» (éditions Autrement). C’est aussi le frère aîné de Daniel Cohn-Bendit

Deux transapettes, comme nous nous surnommons, se rendirent en délégation à cette rencontre.

Gabriel Cohn Bendit

Récit

Une trentaine de membres écoutent sagement Gaby raconter comment il a eu l’envie, au même moment où Jean Lévy montait le lycée auto-géré et grâce à l’ouverture d’esprit du ministre de l’époque, Alain Savary, de créer une structure autrement, où l’on pourrait partir de ce que les jeunes veulent vraiment apprendre.

Les séances étaient organisées en des matinées sur un sujet transversal pendant 15 jours et des après-midi d’exercices spécifiques (grammaire, maths…). La libre fréquentation était de mise, ce qui rendait parfois l’espace désert.

Il explique notamment qu’il avait organisé un travail d’une quinzaine de jours sur le suicide. Ce qui avait permis de travailler la philosophie, les tragédies (Phèdre notamment), l’histoire au moyen-âge, ainsi que des connaissances plus sociologiques sur le sujet. Gaby déplore que les sujets les plus propices à susciter l’intérêt des élèves (la sexualité, le suicide par exemple) soient exclus de l’école alors qu’on devrait partir de là affirme-t-il.

Il est très convaincant et le débat est riche et sans langue de bois.

Et la suite est encore plus cash… Les profs devraient être bénévoles un mois par trois ans car les deux mois de congés d’été destinés à la moisson n’ont plus de sens et les jeunes des cités sont abandonnés à eux-mêmes, les profs devraient accueillir des classes de 36 élèves (tout en partant de chaque élève) et être présents 35 heures dans l’établissement.

Ma réaction (qui n’engage que moi à titre personnel)

Je dois dire que ce dernier point (35h de présence) me parait une plutôt bonne idée sur le fond car il faciliterait le travail en équipe, les rencontres avec les parents et que les enseignants cesseraient d’être la dernière profession pour laquelle tous les frais sont à charge. En plus, ça voudrait dire que les profs auraient un bureau dans l’établissement, du matériel (ordinateur, imprimante…) fourni et ne seraient censés travailler que 35h par semaine, ce qui fait moins que la réalité pour une bonne partie des enseignants.

Évidemment, ça poserait des soucis à tous les profs qui sont sur plusieurs établissements et ça limiterait un des principaux avantages de ce travail à savoir la liberté d’organisation (pratique quand il faut aller chercher les enfants à 16h30 à l’école). Mais dans l’ensemble, tous les lycées innovants, que ce soit les micro-lycées ou le lycée auto-géré sont plutôt à 25/26h de présence dans l’établissement et cela facilite clairement le travail d’équipe. Ce qui me rend très favorable à une telle mesure.

En revanche, je ne crois pas à un travail individualisé avec 36 jeunes, même à Transapi avec le système d’entraide que nous mettons en place, le fait est que nous nous occupons des jeunes par très petits groupes. Le numérique facilite certainement un travail individualisé

. Il n’empêche que les jeunes sont sensibles aux relations individuelles et qu’on suit mieux les élèves avec moins d’heures et moins d’élèves que plus d’heures et plus d’élèves.

Je ne comprends pas non plus pourquoi les profs devraient faire du bénévolat: ils sont payés pour faire 10 mois (même si le paiement est étalé sur 12). Pourquoi ce serait la seule profession à devoir travailler gratuitement pendant ses vacances ?

Mais pourquoi pas un service civil pour tous les majeurs une semaine par an ? Les enseignants comme les autres car le fait que les jeunes de milieux défavorisés soient abandonnés 2 mois par an est une réalité.

Finalement

Après des débats houleux et constructifs, Gaby nous dédicace son livre pour encourager Transapi, et comme tout le monde a un avis sur l’éducation, le débat se poursuit!

Gaby Cohn Bendit dédicace son livre pour encourager Transapi
Gaby Cohn Bendit dédicace son livre pour encourager Transapi

 

Répondre à Muriel Epstein Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Il y a 2 commentaires sur cet article

  1. PeuImporte

    Attendez un peu … un révisionniste , frère d’une personne célèbre au passé sulfureux , vous dit regretter que la sexualité ne soit pas enseignée et tout ce que vous trouvez à critiquer ce sont des histoires d’heures et de salaire ???
    Vous êtes aussi dangereuse que lui.Et suspecte à mes yeux.

    1. Je pense que l’enseignement de la sexualité n’est pas le cœur de son propos et en plus je n’ai pas d’avis sur cette question qui m’intéresse assez peu (franchement face aux jeunes qui galèrent à trouver un lycée mon problème n’est pas la sexualité).
      Je pense que le cœur de son propos c’est la réorganisation des cours et ça me paraît central d’en discuter.